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Entendre le cri de la rue

La rue est un lieu de passage. Il n’est pas prévu qu’une personne y habite. C’est dans cet univers d’une grande violence, où l’on parle plus de survie que de vie, que l’association Aux Captifs la Libération s’est implantée depuis plus de quarante ans. Thierry des Lauriers nous parle de la spiritualité qui anime les membres de cette association qu’il dirige. Cette spiritualité de l’accueil qui peut inspirer chacun de nous et transformer notre vie et notre lecture de l’Évangile.

 

Quelle a été la genèse de cette association ?

En 1981, à partir de sa pre­mière expérience auprès des jeunes des quartiers du nord de Paris, Patrick Giros, prêtre de ce diocèse et fondateur de l’association, a fait un triple constat : la nécessité d’aller vers les personnes à la rue, l’injustice spirituelle et le cri de ceux qui nous paraissent marginaux ne sont pas entendus par la société.

 

Quelles sont vos principales actions ?

Aujourd’hui, à Paris comme en province, l’association poursuit les tournées et les prières avec les gens de la rue, et les témoi­gnages en milieu scolaire, selon l’intuition de son fondateur ; elle a aussi des accueils de jour, une colocation solidaire, des parcours d’aide pour les per­sonnes subissant l’addiction, en situation de prostitution ou malades psychologiquement.

 

En quelques mots, quelle est la spiritualité des « captifs » ?

Il s’agit, par notre présence gratuite, patiente et, fidèle, de rendre Jésus présent auprès de ceux et celles de la rue, de leur témoigner ainsi qu’ils sont aimés de Dieu, « avec un regard qui remet debout ».

 

De quoi sont captives les personnes que vous rencontrez ?

Les personnes que nous ren­controns sont captives de la prostitution, de la rue, de l’al­cool, de la drogue, de leur histoire de vie, de leurs bles­sures et aussi, comme chacun de nous, de leurs péchés. Avec cela, certaines commencent un véritable chemin spirituel. De fait, c’est Jésus qui nous libère de nos captivités.

 

Pensez vous qu’il y a plus de misère dans le monde aujourd’hui qu’hier ?

Tant qu’il y aura des femmes qui se prostituent pour nourrir leur famille, tant qu’il y aura des enfants qui travaillent dans des conditions inacceptables, tant que le mirage de notre société d’ultra consommation attirera ceux qui sont dans la misère, il y aura trop de misère ! Qu’im­porte que ce soit plus ou moins qu’hier ou que demain ! Et j’ajoute : tant que cette société de consommation effrénée séduira les pays développés eux- mêmes, il y aura trop de misère humaine dans nos cœurs.

 

L’Église est-elle suffisamment tournée vers les personnes marginalisées ?

Dieu est le seul juge ! L’Église, c’est chacun des baptisés. Son action est celle de chacun des baptisés, leurs élans du cœur dans le quotidien, leurs engagements dans la société civile, leurs actions dans le cadre d’une institution chrétienne. Tant qu’il y a de la misère, c’est que nous ne faisons pas suffi­samment. Et pourtant, nous ne pouvons pas tout faire ! Seul Jésus, Fils de Dieu, sauve le monde. Par contre, gardons au cœur la parole de saint Paul : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, [...] s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien » (1Co 13,3).

 

Comment inviteriez- vous les chrétiens à davantage ^ construire l’Église avec ces captifs ?

« N’ayons pas peur ! » Entrons en relation avec eux, prions avec eux. Dans une paroisse où nous sommes implantés, le curé a invité les personnes de la rue au pèlerinage de Lourdes, où elles ont poussé les chariots des malades. Elles participent désormais à la vie paroissiale ; et les uns et les autres se saluent fraternellement quand ils se croisent dans le quartier.

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