Dieu ne nous choisit pas parce que nous sommes capables, mais il nous rend capables parce qu’il nous choisit. Voici justement le récit d’une conversion au long cours, plutôt que l’histoire d’un converti. Le père Xavier Bizard est un homme comme les autres, qui revient dans ce livre sur sa trajectoire personnelle, depuis sa rencontre foudroyante avec le Christ jusqu’à aujourd’hui.
Quelles sont les grandes étapes qui vous ont conduit jusqu’au Christ ?
Ma vie est une histoire d’amour avec Dieu. Cette histoire a un épicentre, l’expérience de l’amour du Christ pour moi, dans une chapelle, à l’âge de 26 ans. Cet événement a durablement transformé ma vie. Je l’ai mise au service de cet amour éternel, au quotidien. Après cette rencontre du Dieu vivant, a commencé un temps d’itinérance et de conversion pour devenir un frère universel et un père au service de l’Église.
Comment le Christ a-t-il élargi votre cœur ? Qu’avez- vous appris de vos différentes missions, depuis votre ordination ?
Les jeunes m’ont enseigné la liberté des enfants de Dieu. Le ministère en paroisse sur différents continents a révélé ma vocation chrétienne d’étranger en ce monde et de pèlerin vers la patrie céleste. Dans la formation des séminaristes, j’ai appris à être frère et père de famille.
Quel a été votre plus grande découverte sur le Christ et son Église en Amérique latine où vous avez vécu dix ans ?
Les peuples latino-américains m’ont enseigné à vivre en enfant de Dieu, par leur joie de vivre, leur confiance en la Providence et leur sens de la fraternité. C’est bouleversant pour qui vient d’une culture individualiste.
Est-ce toujours évident pour vous d’aimer l’Église ?
Non, ce n’est pas simple tous les jours. Mon amour pour elle vient de mon attachement indéfectible au Christ. Depuis ma rencontre avec lui, ces deux amours sont inséparables en moi. En effet, Jésus m’a aimé, il a donné sa vie pour moi et m’a donné des frères et sœurs, imparfaits, qui cherchent à vivre l’Évangile et à construire un monde meilleur. Je veux vivre le célibat de Jésus en réponse à l’appel de Dieu, car c’est une manière merveilleuse de dire à l’Église et à mon prochain : je t’aime et je t’offre ma vie, corps et âme.
Quel message voulez- vous transmettre à ceux qui veulent suivre le Christ ?
La religion chrétienne n’est pas une liste de cases à cocher. C’est une expérience transformante et contagieuse de l’amour de Dieu. Pour vivre en disciples de Jésus, laissons-nous saisir par l’amour du Christ et aimons jusqu’au bout, laissons-nous déplacer par nos amitiés avec les plus pauvres, osons vivre comme des étrangers en ce monde et des pèlerins de la vie éternelle, demandons à Dieu la liberté d’être signes de sa sainteté, rien que pour aujourd’hui.
Quel est votre regard sur la crise des vocations ?
Nous traversons avant tout une crise de la vocation chrétienne. C’est cela qui entraîne une diminution des vocations presbytérales et religieuses, et non pas l’inverse. En effet, les baptisés veulent plus de prêtres, mais seulement un petit nombre d’entre eux manifestent le désir de se convertir à l’Évangile. Alors, comment un jeune, appelé par Dieu à le servir par le don de sa vie, peut-il comprendre qu’il aura sa place comme prêtre ou religieux, qu’il sera utile et qu’il sera soutenu par la communauté chrétienne ?
Dans la vie de chaque croyant, est-ce qu’il y a toujours un moment, un coup de foudre où « l’Amour nous saisit » ?
La vie avec Dieu est comparable à la vie amoureuse. Il y a parfois un « coup de foudre », mais toujours des signes d’un amour qui nous saisit et nous dépasse. Cet amour grandit dans le temps avec des hauts et des bas, des joies et des épreuves, mais toujours dans l’espérance d’un monde meilleur. La vie du croyant est transformée et transformante lorsqu’elle devient une réponse à l’amour de Dieu, en acte et en vérité.