Après La profondeur divine de l’existence, l’essayiste Jean-Philippe Trottier appelle l’homme à répondre aux temps présents en acceptant le mystère préexistant du monde qui le dépasse... Il montre comment l’idolâtrie contemporaine a pris la place de Dieu dans notre société. L’auteur fait le pari dans cet essai d’ouvrir une voie de salut au monde moderne phagocyté : la promesse d’une libération s’il se réapproprie l’esprit de tradition et de transcendance.
Jean-Philippe Trottier nous met en garde contre l’idolâtrie contemporaine qui consiste à chercher Dieu à un niveau dégradé, tout comme le communisme avait congédié les figures chrétiennes traditionnelles pour les retrouver sur un plan inférieur, où « l’Agneau pascal devenait le prolétariat, le péché l’exploitation par la bourgeoisie capitaliste, le paradis la société sans classe ». Pour l’auteur, notre civilisation n’est plus que l’ombre d’elle-même, et les idoles sont partout : sous les traits dénonciateurs et moralisants du racisme, du (néo-)colonialisme, de la repentance, du sexisme et du féminisme essentialiste ou de l’oppression des minorités, de l’homophobie et de toute autre phobie imaginable.
... où le moralisme s’affranchit du religieux
La principale des dangereuses illusions dénoncées par l’auteur, c’est d’oblitérer le vocabulaire et la sensibilité religieux, tout en s’accrochant aux luttes sociales et humaines. Ainsi, ces combats sont devenus sacrés et sont désormais dotés d’une transcendance démesurée.
Pour l’essayiste, c’est là qu’il y a une confusion totale : « Ce qui appartient au politique se teinte d’un moralisme d’autant plus agressif qu’il s’est désin- dexé des réalités religieuses traditionnelles. »
Le paradoxe de l’homme moderne
« Plus l’homme s’éloigne de Dieu, plus il a besoin d’idoles imparfaites de substitution, de faux dieux. » Tel est le piège qui s’est ainsi refermé sur l’homme moderne : il est devenu l’esclave perpétuel des promesses vaines du progrès et des folles idéologies contemporaines. Ces revendications contemporaines qui fusent de toutes parts ne seraient-elles pas, finalement, le signe d’une modernité nostalgique du monde traditionnel ?
Retrouver l’esprit de Tradition
L’auteur, qui ne se limite pas à la condamnation de l’idolâtrie mais cherche davantage à en comprendre la mécanique afin d’en démonter les rouages, se fait Petit Poucet pour lutter contre les illusions dangereuses. Si nous avons, malheureusement, perdu le souvenir de l’esprit de tradition depuis l’avènement de la modernité et l’autonomisation de l’homme, le propre de cet esprit, c’est de jaillir de façon aussi discrète que tenace, même au fond des oublis les plus épais. Pour redécouvrir cet esprit, il est nécessaire de prendre conscience que l’homme blanc n’est ni tout-puissant ni tout-coupable : il est un homme parmi les autres. Cette désillusion est la vraie voie de la libération.