Le mariage est en crise. Il est ébranlé par l'approfondissement de la logique moderne des droits de l'individu mesurée par les désirs, instables par nature. Le prix de cette insoutenable légèreté est la fluidité des unions et la fragilisation des existences personnelles.
Quels défis cette révolution majeure pose-t-elle à l'Église, instrument de la miséricorde divine ? Le premier est d'accueillir tous les blessés de l'amour conjugal pour panser leurs plaies et les accompagner sur le chemin de la vie. Pour le pape François, notre époque exige à ce titre une « conversion pastorale » de l'Église afin que personne ne s'en sente exclu. Tel est le «changement de paradigme » exposé dans l'exhortation Amoris laetitia sur le mariage et la famille parue en 2016. De là, le second défi : comment intégrer et accompagner ceux qui sont « en situation irrégulière» sans désarticuler la morale et la foi chrétiennes ?
Les âpres débats concernant ce changement de paradigme ne sont pas des querelles byzantines réservées à quelques spécialistes. Si « tout est lié» alors le libéralisme de « l'individu total » plonge l'Église dans des questions doctrinales et pratiques qui ne sont pas moindres que celles qu'elle a dû affronter à l'heure où le marxisme semblait à beaucoup l'horizon indépassable de notre temps. Comment tenir ensemble l'accueil des personnes et les principes permettant de saisir le mal dont elles souffrent ? Comment tenir ensemble ces deux oeuvres de miséricorde que sont soigner le malade et avertir le pécheur ?
Thibaud Collin, né en 1968, marié et père de quatre enfants. Il est agrégé de philosophie. Il a enseigné la philosophie au grand séminaire de Fianarantsoa (Madagascar). Il enseigne actuellement en classes préparatoires au Collège Stanislas, à l'Institut Philanthropos (Fribourg) et à l'Institut de la Théologie du corps (Lyon). Il est engagé depuis plusieurs années dans la pastorale conjugale (Alpha Couple et Forum Wahou!) Il est membre de John Paul II Academy for Human Life and the Family (JAHLF).